DOUX SORTILEGES

Magie dans les villes

 

La vie quotidienne tel un fardeau, une lumière qui s’éteint doucement, c’est ce que ressent le héros de La magie dans les villes. Pourtant, en apparence, il a tout ce qu’il faut pour être heureux : une femme qui l’aime, des enfants épanouis, un travail. Mais rien n’y fait, il semble avoir perdu le mode d’emploi du monde qui l’entoure. De temps en temps il rencontre un ange dont les pouvoirs s’effacent ou une fée fatiguée, mais aucun n’arrive à l’aider. Alors, il se laisse lentement dériver, cultivant sa nostalgie comme une fleur rare et fragile : « La tristesse est un bien précieux avec lequel il ne faut pas se monter trop prodigue ».

La magie dans les villes est le premier roman de Frédéric Fiolof, par ailleurs directeur de publication de la revue littéraire La moitié du fourbi. C’est une fantaisie crépusculaire faite d’ombres, de lumières et de demi-teintes. Le monde que Fiolof nous raconte baigne dans une atmosphère de magie étrange et poétique, un univers loufoque mais plein de nuances et de délicatesse.

Ici, pas d’histoire linéaire comme dans un roman classique mais une suite de courts récits qui dressent, petit à petit, par touches de couleurs successives, le portrait d’un homme plein de rêves, flottant entre deux mondes : celui de la réalité (la famille, la ville, le travail…) qu’il subit et l’autre, onirique, qu’il se construit pierre par pierre comme un château, à la foi refuge, prison et poste d’observation. La magie dans les villes n’est pas un livre qui s’engloutit d’un trait, mais une œuvre qui se savoure tranquillement, qui se déguste en prenant son temps. À vous d’essayer.

Laurent Gourlay

La magie dans les villes

De Frédéric Fiolof

Quidam éditeur

112 p-12 €

Le Chirurgien-dentiste de France n° 1720-1721 du 15-22 septembre 2016