Une ferme perdue au milieu de nulle part, dans un paysage sans fin, désertique. Josep Pla, dit Pep, et Dora son épouse, y élèvent des autruches. C’est un couple aigri et mal assorti qui partage sa vie avec Beli, bientôt 18 ans, la fille de Dora. Pep et Beli sont amant et ont élaboré un plan pour assassiner Dora. Pep se charge d’éliminer sa femme et jette son corps au fond d’un puits. Mais tout le monde ne se laisse pas massacrer aussi facilement et les morts réservent parfois de glaçantes surprises.
L’album La petite souriante est une bande dessinée macabre et fantastique, un thriller bizarre à l’humour sarcastique et sanguinolent. Les auteurs, Zidrou au scénario et Benoît Springer au dessin, ont construit un monde fermé, malgré son immensité apparente, dans lequel flotte un parfum sombre et surnaturel, quelque part entre les histoires extraordinaires d’Edgar Poe et les films de zombie de Georges A Romero. Le dessin et les couleurs contribuent à cette ambiance lugubre. Les cases sont souvent monochromes, comme les images noir et blanc d’un vieux film d’épouvante. La couleur est utilisée avec sobriété : deux teintes pas plus. Elle imprègne le récit d’une impression de chaleur étouffante, d’un sentiment de fatalité engluant les protagonistes dans un quasi huis-clos délétère. Le trait de Benoît Springer est cruellement expressionniste, sans pitié pour les médiocres héros de cette triste aventure.
L’album tire son nom d’une chanson « Elle était souriante » joyeuse contine des années 1900 narrant les horribles mésaventures d’une châtelaine à l’optimisme inébranlable. Chez Zidrou et Springer le sourire se teinte de cruauté sadique, mais ce court album sera un plaisir pour les amateurs d’humour noir et d’effrois.
La petite souriante
Zidrou et Benoît Springer
Dupuis
72 p – 14,50 €
Le Chirurgien-Dentiste de France n° 1800-1801 du 24-31 mai 2018