Prix 130 livres 2019

Comme j’ai un peu la flemme de faire ma compil de l’année, j’emprunte celle d’Antoine Faure, qui fait ça très bien.

130 livres

  • Prix 130 du meilleur bouquin lu cette année si ce genre de prix était décerné par 130 lives : Eureka street, de Robert McLiam Wilson

  • Prix Robert Penn Warren du merveilleux classique ignoré de tous : Un endroit où aller, de Robert Penn Warren

  • Prix du bouquin littéralement fait pour toi et qui dépasse quand même tes attentes : Ce que cela coûte, de WC Heinz

  • Prix du roman idéal pour faire le malin parmi les malins : Les saisons, de Maurice Pons

  • Prix du meilleur Philip Roth lu cette année : La contrevie, de Philip Roth

  • Prix du plus beau substitut possible à Franz Kafka, pour ceux qui n’osent pas dire qu’ils ne l’adorent pas : L’homme de Kiev, de Bernard Malamud

  • Prix « Oui, mais c’est moi qui décide » : Sérotonine, de Michel Houellebecq

  • Prix du premier roman qui dit plus…

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Good Bye Lénin

Urbex, de l’anglais « urban exploration », signifie exploration urbaine. C’est-à-dire la visite des immeubles et des endroits abandonnés ou interdits. L’ex-Allemagne de l’Est, disparue en 1990, regorge de ces vaisseaux fantômes, vestiges oubliés mais toujours très présents du socialisme d’avant la chute du mur de Berlin. Depuis, le silence a recouvert les années RDA, comme si elles n’avaient jamais existé, comme si une amnésie collective avait frappé le peuple allemand.

Nicolas Offenstadt est parti à la recherche des traces d’un passé pas si lointain, à la découverte de ces endroits emblématiques de la République Démocratique Allemande. Lieux de pouvoir, entreprises, bâtiments militaires, culturels ou sportifs, Il en a visité plus de 250, les a photographiés, a cherché à les comprendre et à le faire parler. Urbex RDA est le riche journal de voyage de cette errance urbaine de l’autre côté du mur. Un ouvrage passionnant qui explore avec rigueur et poésie l’histoire d’un État disparu il y a peu.

Urbex RDA

Nicolas Offenstadt

Albin Michel

258 p – 34,90 €

En écoutant Gabin

Il y a la mer du Nord, au loin les falaises anglaises, les bateaux qui passent comme des rêves de voyages. Il y la plage, les dunes, des hiboux et des oies sauvages. Il y a, tout près, perdu en pleine nature, quelques baraques de bric et de broc où vivent Anatole, Loïk et Lucille. Au dehors, c’est la ville, le port et le chantier monstrueux où travaille Loïk. Les trois se sont construit une petite communauté de peu, une presque famille unie par un attachement pudique, deux oncles bourrus, approximatifs et leur nièce de fortune. La vie s’y écoule, doucement chaotique, faite de petites joies, de rires et de mélancolie, et Jean Gabin n’est jamais très loin. Parfois ça se chamaille un peu, mais quand ça tangue à l’extérieur on sait se tenir chaud. Jusqu’au moment où tout bascule dans le drame. Bêtement, pour des conneries, des trois fois rien qui se transforment en machine à broyer, comme celle que conduit Loïk. Loïk, son goût pour le désastre, ses fêlures et sa colère à fleur de peau qui ne demande qu’à exploser.

L’auteur de L’horizon qui nous manque est un enfant du Nord et cela se sent à la lecture de son dernier roman. C’est un récit bleu comme un ciel printanier, plein de sable, de vent iodé et de cris d’oiseaux. Il a un parfum de bière et de salicorne. C’est aussi un roman amer et gris, d’un gris poisseux comme un ciel flamand des mauvais jours. Une belle et poignante chronique, entre tendresse et violence, accompagnée par les mots de Gabin et superbement mise en musique par Pascal Dessaint.

L’horizon qui nous manque

Pascal Dessaint

Rivages Noir

250 p – 19 €

Danse macabre

La mort est partout et nulle part. On la croise au coin de la rue, dans les faits divers, les informations nationales, ou dans la rubrique obsèques du journal local. Pourtant l’idée de mort reste intolérable pour la plupart d’entre nous. Nous regardons ailleurs, nous l’euphémisons pour mieux l’oublier. De peur de vieillir nous essayons d’arrêter le temps, à la recherche illusoire d’une éternelle jeunesse.

Heureusement, il y a Lelo Jimmy Batista pour nous rappeler à quel point le savoir-mourir est un art nécessaire. Et quoi de mieux que le cinéma pour nous apprendre à succomber avec éclat ? Tués par la mort est la compilation indispensable des disparitions incongrues du grand écran. Mort par brosse à dents, par carotte, par gigot d’agneau… les possibilités semblent infinies. L’auteur a convoqué des grands noms du 7ème art, des maîtres de l’horreur et du fantastique et des tacherons de la pellicule, pour nous offrir ce dictionnaire ironique et poétique de décès bizarres. Illustré par les dessins joyeusement corrosifs de Freak City, Tués par la mort est une salutaire leçon de vie et de mort où l’humour noir flirte avec la philosophie.

Tués par la mort

Lelo Jimmy Batista, illustrations Freak City

Hachette Heroes

272 p – 19,95 €