Solitaires

 Un commissariat perdu au cœur d’un Paris nocturne. Des rues grises et humides. Un port, une gare, des bateaux et des trains qui partent vers des ailleurs inaccessibles. Une vieille voiture américaine. Des flics bas du plafond, d’improbables prisonniers, des fantômes du passé, des matous philosophes : d’étranges créatures se croisent  dans ces lieux incertains. La nuit est leur royaume et la solitude leur pain quotidien. Ainsi vont les héros de Mauvaises nouvelles du front, un recueil de onze nouvelles d’Hugues Pagan.

L’auteur est comme les chats, il a eu plusieurs vies : enseignant, policier, écrivain, scénariste… Les histoires qu’il nous conte, écrites entre 1982 et aujourd’hui, sont des éclats de ces existences multiples. Un peu de métaphysique, un zeste de fantastique, quelques gouttes de trivialité ; ajoutez une bonne dose de poésie, d’humour et de mélancolie, le tout assaisonné d’une juste révolte, et vous aurez les parfaits ingrédients de cette « toute petite comédie humaine » concoctée à force de matins blêmes. Des sortes de romans noirs impressionnistes, aux intrigues minimales, où l’âme des personnages importe plus que l’intrigue, où l’atmosphère pèse plus que l’action. Ces onze nouvelles sont aussi l’occasion de retrouver ou de découvrir, pour ceux qui ne le connaissent pas, les mots superbes d’Hugues Pagan, une langue riche, inventive, joyeuse et subversive. A lire de préférence en sirotant un bon verre de cognac avec, en fond sonore, un disque de Billie Holiday ou de Lionel Hampton. Et si, en plus, vous avez un félin qui ronronne à proximité, le plaisir n’en sera que plus grand.

Dernières nouvelles du front

Hugues Pagan

Rivages Noir

240 p – 15,90 €

Le Chirurgien-Dentiste de France n° 1833-1834 du 21-28 février 2019

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